La paire USD/CAD montrait une tendance à la hausse lundi malgré l'affaiblissement général du dollar américain. Ce mouvement des prix s'explique par la publication de données faibles sur la croissance économique du Canada à la fin de la semaine dernière. Cependant, au moment de cette publication, les traders de l'USD/CAD étaient concentrés sur une autre nouvelle. Le Canada est resté dans l'ombre de l'indice PCE de base, qui a été interprété négativement pour le dollar américain. En conséquence, la paire a diminué activement la semaine dernière au milieu d'une faiblesse généralisée du dollar américain. Lundi, cependant, les participants du marché réagissent au rapport mitigé sur le PIB canadien.

Tous les éléments de ce rapport sont tombés dans la "zone rouge". Les chiffres globaux mensuels et trimestriels étaient inférieurs aux attentes. Par exemple, le PIB en juin a diminué de 0,1% m/m, après une baisse similaire le mois précédent. La plupart des analystes avaient prévu une croissance de 0,1%. Sur une base annuelle, l'économie canadienne a progressé de seulement 0,9% en juin, après avoir augmenté de 1,2% en mai (prévision : +1,3%).
Quant aux chiffres trimestriels, un tableau similaire se dessine. Pour la première fois depuis T3 2023, cette métrique est devenue négative. Le PIB a régressé de 1,6% a/a (prévision : -0,6%). C'est la plus faible impression en quatre ans : au T2 2021, l'économie canadienne s'était contractée de 3,2%.
Analysons les raisons de ces résultats faibles.
Premièrement, les exportations ont considérablement chuté au T2. Le volume a baissé de 7,5%—la plus forte diminution des cinq dernières années. Cette baisse est principalement due à l'instauration de tarifs américains (surtout dans les secteurs de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium).
Deuxièmement, l'investissement des entreprises a diminué. Le rapport montre que l'investissement des entreprises (notamment dans les machines et équipements) a baissé de 0,6%—la première baisse de ce type depuis le début de la pandémie.
Troisièmement, la production a diminué dans les industries productrices de biens (qui représentent environ un quart du PIB du pays).
Cependant, certains facteurs positifs ont atténué le choc. Au premier rang, la demande intérieure a augmenté de 3,5%. Notamment, l'investissement privé dans le logement a augmenté de 6,3%, la consommation des ménages a grimpé de 4,5% et les dépenses publiques ont progressé de 5,1%.
Un autre point important : les estimations préliminaires indiquent que le PIB a augmenté de 0,1% m/m en juillet—suggérant une possible stabilisation au T3.
Il convient de noter que la plupart des analystes n'ont pas tiré la sonnette d'alarme face à ce rapport "rouge". Plusieurs raisons expliquent cela :
- Premièrement, la contraction de juin et du trimestre était menée par les exportations. Cela ne signifie pas une récession complète. Il n'y a pas de signe clair de contraction dans d'autres secteurs ; la demande intérieure reste "réconfortante" de solidité.
- Deuxièmement, une baisse mensuelle du PIB ne répond pas au critère officiel de récession. Au Canada (comme dans la plupart des économies développées), la récession est typiquement définie comme deux baisses consécutives du PIB trimestriel, pas des baisses mensuelles.
- Troisièmement, la forte demande intérieure est encourageante, bien que des questions subsistent quant à sa durabilité.
- Quatrièmement, l'intrigue autour d'une baisse de taux par la Banque du Canada lors de sa réunion de septembre persiste. La publication de vendredi a renforcé le sentiment accommodant, mais la décision finale dépendra d'autres rapports. Par exemple, d'importants chiffres du marché du travail canadien sont publiés le vendredi 5 septembre. Les prévisions suggèrent que le chômage augmentera à nouveau (à 7,0%), et l'emploi ne croîtra que de 9 000. De tels chiffres faibles augmenteraient la pression sur le dollar canadien à mesure que les chances d'une réduction des taux en septembre augmentent.
- Le 16 septembre—juste un jour avant la réunion de la Banque du Canada—les données clés sur l'inflation seront publiées. En juillet, l'IPC global a ralenti à 1,7% en glissement annuel (a/a), après avoir grimpé à 1,9% le mois précédent, et l'inflation sous-jacente est restée stable à 2,6% (où elle se situe depuis trois mois). Si l'inflation ralentit en août (dans un contexte de refroidissement du marché du travail), la probabilité d'une baisse de taux atteindra 100%.
- Si, cependant, les rapports ci-dessus sont "verts", la Banque du Canada restera probablement sur le statu quo malgré les données faibles du PIB pour juin et le T2.
Tout cela suggère que le rapport de vendredi est peu susceptible d'inverser la tendance USD/CAD—l'augmentation actuelle des prix est plus probablement une correction. Notez que lundi, les marchés américains et canadiens étaient fermés en raison de la fête du Travail.
En d'autres termes, envisager des positions longues sur USD/CAD n'est pas conseillé pour le moment. À mon avis, la paire continuera de suivre le dollar américain, qui est sous pression en raison d'attentes accommodantes croissantes pour de futures actions de la Réserve Fédérale (les marchés sont presque certains que la Fed réduira les taux deux fois d'ici la fin de l'année, avec une première réduction probablement ce mois-ci).
D'un point de vue technique, sur le graphique H4, USD/CAD teste le niveau de résistance à 1,3760 (la ligne médiane des bandes de Bollinger). Si les acheteurs ne parviennent pas à franchir cette barrière (c'est-à-dire si l'impulsion haussière faiblit dans cette zone), la vente redeviendra pertinente. La première cible à la baisse (et principale jusqu'à présent) est 1,3700 (bande de Bollinger inférieure sur H4 et D1).